Claude-Alice Peyrottes, Patrick Michaëlis et la Compagnie Bagages de Sable ont la tristesse de vous faire part du décès de leur cher ami Messaoud Benyoucef, écrivain, auteur dramatique, traducteur et ami du dramaturge algérien, Abdelkader Alloula.
C’est une grande figure d’homme libre qui disparaît. Son histoire est aussi la nôtre.
Né en 1943, Messaoud a enseigné la philosophie au lycée français d’Oran. Il a quitté l’Algérie après l’assassinat, en mars 1994, de son ami Abdelkader Alloula, avec lequel il travaillait depuis de nombreuses années. Il s’est alors établi à Paris où il a été chargé de missions aux enseignements artistiques pour le Ministère de la Culture et de la Communication, tout en se consacrant à l’écriture : théâtre, roman, chroniques.
C’est en 1998 que nous avons rencontré Messaoud. Sur une photo de classe en noir et blanc, une petite fille tient dans sa main une ardoise sur laquelle est écrit : Bellecôte 1955. Une photo retrouvée 40 ans après au fond d’une boîte à chaussure et qui sera le point de départ d’un projet théâtral mettant en jeu l’histoire commune entre la France et l’Algérie : que sont devenus ces enfants qui posent avec leur instituteur devant l’objectif ? Comment ont-ils traversé cette histoire ?
Ce sera le début d’une aventure artistique et humaine dont Messaoud fera le récit et qui aboutira à la création de la Trilogie algérienne : La mer blanche du milieu (2001), Dans les ténèbres gîtent les aigles (2003) et Le nom du père (2005). Pendant ces 8 années de compagnonnage, de l’écriture aux répétitions et à la diffusion des 3 spectacles, il nous a enrichi de son érudition, de ses talents de conteur avec générosité et humour. Mais les sujets abordés ne pouvaient laisser indifférents …, et c’est avec une grande dignité qu’il a affronté les épreuves que nous avons dû traverser ensemble.
Messaoud est un grand écrivain. Avec lui nous avons redécouvert la richesse de la langue française, ce « butin de guerre » cher à Kateb Yacine. Messaoud restera vivant dans le souvenir de ceux qui l’ont aimé, et par l’oeuvre littéraire qu’il nous laisse.
La nuit n’est jamais complète. Il y a toujours, puisque je le dis, Puisque je l’affirme, Au bout du chagrin Une fenêtre ouverte, Une fenêtre éclairée, Il y a toujours un rêve qui veille, Désir à combler, Faim à satisfaire, Un cœur généreux, Une main tendue, une main ouverte, Des yeux attentifs, Une vie, la vie à se partager. -Paul Eluard
Nos pensées fraternelles vont vers son épouse Fatiha, ses enfants, petits enfants et sa famille.
Ceux qui souhaitent envoyer un message à Fatiha Benyoucef peuvent le faire à cette adresse, nous lui transmettrons. patrick.michaelis@bagagesdesable.org
Messaoud Benyoucef : Bibliographie non exhaustive
Théâtre, romans
Lettres à Jeanne, théâtre, L’embarcadère éditions, octobre 2002
Dans les ténèbres gîtent les aigles, théâtre, L’embarcadère éditions, janvier 2003
La Sainte Triade, théâtre, L’embarcadère éditions, novembre 2003
L’algèbre de la mort, roman, L’embarcadère éditions, mars 2004
Le Nom du père, théâtre, L’embarcadère éditions, février 2005
Colline 3, roman, Alma – Editeur, 2012
Traductions
Les Généreux d’Abdelkader Alloula, un recueil regroupant les trois pièces : Les Généreux, Les Dires et Le Voile, éditions Actes-Sud Papiers, 1995
Les Sangsues, quatre pièces d’Abdelkader Alloula, Editions Actes-Sud Papiers, 2002
A chacun son jugement, d’Ould Abderrahmane Kaki, mis en espace par France-Culture, Avignon, 1996
Les nuits de la moisson, répertoire palestinien, de Mahmoud Dyab, théâtre de Beit El Karma (Haïfa), pour l’AFAA et le Printemps palestinien en France, mai 1997